Troy: Fall of a City revient aux origines des amours entre Pâris et Hélène

Troy: Fall of a City revient aux origines des amours entre Pâris et Hélène

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Par Marion Olité

Publié le

Les histoires d’amour finissent mal… en général.

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C’est avec curiosité et gourmandise qu’on attendait cette nouvelle adaptation de L’Illiade, récit mythologique dans lequel Homère narre la mythique guerre de Troie, provoquée par l’enlèvement d’Hélène de Sparte par Pâris, le fils du roi Priam. Si cette épopée de la Grèce antique est connue de toutes et tous, elle n’a pas encore eu droit à une adaptation qui en aurait fait un classique du cinéma ou des séries. Il n’y a pas d’équivalent homérien à des chefs-d’œuvre du genre péplum comme Rome de HBO ou Spartacus de Stanley Kubrick. La tentative la plus mémorable et récente reste le blockbuster Troie de Wolfgang Petersen, certes divertissant mais superficiel, avec Diane Kruger et Brad Pitt, et qui date déjà de 2004.

Autant dire que le champ de la réinterprétation était libre pour David Farr, le showrunner de cette nouvelle mini-série commandée par la BBC One. L’annonce d’un casting qui proposait pour la première fois un Achille interprété par un acteur noir (tout comme Zeus et Patrocle) allait dans le sens de la relecture moderne. Il faudra patienter pour découvrir le fier guerrier mi-homme mi-dieu, le premier épisode se concentrant sur les origines du personnage de Pâris.

Si vous n’avez pas révisé vos mythes grecs, sachez donc que le prince troyen possède une trajectoire intéressante. Il a été abandonné à la naissance par ses parents, car un présage annonçait qu’il causerait la destruction de Troie. Devenu berger, il découvre adulte ses racines princières et se retrouve peu de temps après au milieu d’un conflit entre trois déesses, Héra, Athéna et Aphrodite. Détenteur de la pomme d’or, il doit choisir laquelle des trois est “la plus belle”. Finalement, il opte pour Aphrodite, qui lui promet l’amour de la plus belle femme du monde. On vous laisse deviner de qui il s’agit…

En commençant par s’intéresser à Pâris, Troy: Fall of a City propose une approche plus intime et fidèle au récit d’Homère, qui laisse aussi une place aux dieux et déesses, incarnés dans la mini-série. On y voit aussi des personnages habituellement peu visibles, comme Cassandre, la sœur perturbée de Pâris, assaillie par des visions d’un futur apocalyptique de la ville de Troie. Interprété par Louis Hunter, le prince troyen lui-même prend de l’épaisseur et apparaît comme un Roméo des temps modernes, doublé d’un esprit libre. L’acteur aurait pu aller plus loin dans cette direction, mais en tout cas, l’alchimie avec Hélène, sous les traits de Bella Dayne, fonctionne. Ouf, le contraire aurait été une catastrophe.

À travers quelques scènes, son rôle semble également étoffé et moins uniquement réduit à celui du “visage qui lança mille bateaux”. Elle n’en reste pas moins rapidement sexualisée, mais disons qu’on ne voit pas bien comment il pourrait en être autrement sur ce récit. Il en est d’ailleurs de même pour Pâris, qui correspond en tout point au canon de la beauté masculine occidentale en 2018 (pour résumer, le brun barbu et musclé, mais pas trop).

Pour le moment, la série propose une production value non négligeable et des dehors attirants, mais il manque une étincelle pour embraser un récit qui se veut épique. Pas aussi trash et cynique que Spartacus (la série) ou Game of Thrones, pas aussi réaliste et incisive que Rome, timorée sur les scènes de baston et de sexe, Troy: Fall of a City se situe quelque part entre toutes ces références, mais elle ne choisit pas vraiment son camp, ce qui la rend un peu fade par moments. Reste qu’on en est dans ce premier épisode aux origines d’une guerre et de jeux de pouvoir qui dureront 10 ans. Un peu comme la deuxième trilogie Star Wars, qui passe pas mal de temps à mettre en place la romance entre Amidala et Anakin Skywalker, il ne s’agit là que de la première pierre d’un édifice qui se veut monumental. Reste à savoir s’il tiendra la route une fois construit.

La première saison de Troy: Fall of a City est actuellement diffusée sur BBC One, et elle arrivera bientôt sur Netflix.